vie de maman

16 mois d’allaitement…

En fait, je mens un peu. Cela fera 16 mois dans 3 jours. 16 mois d’allaitement. De tétées bonheur, de tétées douleur, de tétées « j’ai envie de vomir tant je suis fatiguée s’il te plait dors et arrête de téter », de tétées fusion, de tétées pleines de doutes et d’amour. C’est l’ambivalence de cette aventure lactée. On en souffre parfois tellement, qu’on voudrait tout arrêter et la seconde d’après la vision d’un biberon dans la bouche de bébé nous donne des hauts le coeur. J’ai parfois envie de pouvoir m’absenter, plus de six heures, de sortir un samedi soir, et rentrer à 4h du mat. Oui mais non, mon sein est tout pour mon fils. Et quand je me rappelle de ça, je me rappelle qu’un samedi soir ne vaut rien face à mon amour pour lui, son besoin passe avant tout. Et dans quelques années, je me souviendrais de notre aventure lactée avec nostalgie, en disant probablement « que c’est passé vite ». Alors je profite, je savoure chaque tétée. Même les douloureuses, même les nocturnes, même les interminables,… Toutes.

Il est difficile aujourd’hui de parler de l’allaitement. On se retrouve vite cataloguer de « maman parfaite » comme « faisant culpabiliser » – spoiler, on ne peut « faire culpabiliser », on ressent de la culpabilité… – les mamans qui ont fait le choix – ou le non-choix – de donner à leurs enfants des préparations commerciales pour nourrissons. On se retrouve mise dans un schéma de guéguerre entre allaitante et biberonnante. Spoiler numéro 2 : J’ai biberonné mon premier bébé et j’allaite le deuxième. Informer sur l’allaitement, parler de son parcours avec son coeur, dire que c’est la plus belle chose que l’on est vécu n’est pas dénoncer celles qui font autrement. C’est juste partager quelque chose qui nous rend heureux.

Ce qui est encore plus fou dans notre époque complètement cinglée, c’est que l’allaitement ai besoin d’être normalisé. Genre faire téter ton bébé dans la rue – ou autre lieu public – pourrait offusquer des âmes sensibles… Seriously? A l’heure de l’hyper sexualisation du corps de la femme, il est malheureux de devoir remettre les pendules à l’heure. Oui nos seins – nos mamelles, nos boobs, nos nibards, nos nichons – ont pour fonction première de nourrir un enfant. Parfois je lis sur les poubelles que sont certains forums « ah mais moi, mes seins, ils appartiennent à mon mec » et « En allaitant, vous régressez, le biberon a libéré la femme ». Well, il y a quelques paradoxes dans tous ces arguments tous plus bidons les uns que les autres…

« Mes seins appartiennent à  mon mari ». Non meuf, ils sont à toi, c,’est ton corps, pas celui de qui que ce soit… Si c’est une zone érogène pour toi, pour sûr que cela ne changera pas lorsque tu allaiteras… Si si, même les allaitantes continuent de s’envoyer en l’air, je t’assure !

« En allaitant, vous régressez… blablabla liberté de la femme… » Liberté de quoi? De vite te libérer des besoins primaires de ton bébé pour vite vite retourner travailler et engraisser un patron ? C’est fou cette opposition entre le rôle de mère et liberté de la femme. Cela va même à l’encontre du principe de la liberté. Larousse, j’ai besoin de toi …

Quelques définitions de la liberté …

  • Situation de quelqu’un qui se détermine en dehors de toute pression extérieure ou de tout préjugé…
  • Possibilité d’agir selon ses propres choix, sans avoir à en référer à une autorité quelconque…

Voilà, voilà, une femme libre est une femme qui est libre de choisir d’être mère et de s’épanouir dans ce rôle – une femme libre est une femme qui est libre de choisir de ne pas être mère et de s’épanouir ainsi.

Bref, revenons-en à nos moutons suite à ces divagations langagières… Plus l’âge de l’enfant avance, moins il est normal – dans notre société – d’allaiter. On s’en aperçoit vite par des petites remarques par-ci par-là : « Non mais là il tète pour s’amuser », « il est grand maintenant pour téter »; « tu comptes l’allaiter jusqu’à ses 18 ans? »…

On le remarque aussi par des regards un peu appuyés. Exemple tout bête, il y a quelques jours au restaurant. Je prends mon fils un peu fatigué au restaurant et le met au sein… Là, des regards un peu appuyés… d’autres femmes… Après, je ne sais pas si ces regards étaient bienveillants ou l’inverse, mais ce qui est certain, c’est qu’ils existent et prouvent que pour beaucoup, allaiter un bébé de 16 mois est quelque chose « de rare », « peu commun », et pour les plus tordus quelque chose de « bizarre » – j’ai même lu que c’était incestueux lorsque le bébé est « grand » mais WTF les gens? -.

C’est étrange qu’à l’heure où on prône le bio, le sans emballage, le naturel, où on dénonce la maltraitance envers les animaux… l’allaitement soit encore autant décrié. Pourtant avec l’allaitement :

  • On passe directement du production au consommateur
  • Pas d’emballage
  • Sans colorants, ni conservateurs, ni E machin chose
  • On ne retire pas un veau de sa mère pour lui prendre son lait

Bref… L’allaitement est n.a.t.u.r.e.l. et ne devrait pas avoir besoin d’être « normalisé » ou que sais-je. Il est le moyen que la nature a mis à notre disposition pour nourrir notre enfant. Le nourrir au sens propre du terme, comme au sens figuré. Le sein nourrit de son lait, mais aussi de son odeur, de sa peau, de sa chaleur. Il comble tous les sens de bébé.Il le rassure. Me concernant, bien que l’allaitement soit naturel, soyons clair, il n’est pas inné. J’ai, au tout début, failli lâcher à chaque tétée. Je me disais que je n’en pouvais plus, que j’avais trop mal, que j’étais trop fatiguée… J’ai la chance d’avoir un mari qui m’a toujours soutenu et encouragé, j’ai beaucoup échangé avec des mamans allaitantes qui m’ont donné des conseils , qui étaient là de jour comme de nuit pour répondre à mes inquiétudes… Et puis j’ai pris confiance en moi, en nous. Et aujourd’hui, j’essaye à mon tour d’être une maman allaitante qu’une autre jeune maman trouvera lorsqu’elle se sentira mal face à son allaitement. Et si tu lâches, tu peux aussi. Chacune a sa tolérance à la fatigue, beaucoup doivent reprendre le travail à la fin du congé mat sans possibilité financière de faire autrement – là aussi, il serait temps que nos politiques se mettent EN MARCHE pour faire allonger le congé mat… mais visiblement ils s’en tamponnent le coquillart – et ne nous voilons pas la face… Reprendre le boulot deux mois et demi après son accouchement n’aide pas à l’allaitement – ce dernier se mettant correctement en place au bout de 3 mois… -.

J’ai quelque peu du mal à organiser ma pensée sur ce texte, chaque phrase m’emmenant vers un autre sujet. Bref, c’était mes quelques mots sur l’allaitement, très désorganisés, mais qui font sens pour moi.Et pour vous aussi… J’espère…

solal-7277Crédits photo : Marion Bodin

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